Le Billet mal luné de l’Affreux ! (épisode 3)

Et pour poursuivre sur la lancée de mes premiers mots environnementaux, je vous amène, cette fois, sur le terrain tout aussi glissant des organismes génétiquement modifiés… Qui dit mieux ?

Vous êtes bien lunés ?

Mes mots « trois » : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »

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Ah, mon petit Candide, voltairien par excellence, tu ne crois pas si bien dire…

— Chéri, j’ai envie d’un petit garçon. Blond aux yeux bleus avec le grain de beauté « De Niro » sur la joue droite pour la « gangster touch ». Et puis, si possible (et je sais qu’on peut maintenant avec les progrès de la science), Adrien (parce qu’il s’appellera Adrien), devra faire dans les 1,85 m… Il sera grand, fort et arrogant comme un acteur de cinéma américain… Ah oui, n’oublions pas son quotient intellectuel. S’il pouvait atteindre les 170 comme Voltaire (j’aime ses lumières), ça serait parfait ! On passe commande ?

— Pas de problème, mon amour. J’appelle le docteur ! Il nous livrera le p’tit gars en fin d’année.

Ah mes amis, comme les choses sont simples depuis que nos savants fous ont mis la main sur nos génomes.

Tout ce bordel génétique ne remonte pas à hier…

En 1983, guidés par leur complexe de Dieu, les chercheurs américains ont modifié un plan de tabac pour résister à un antibiotique, la kanamycine. Deux ans plus tard, en 1985, naît la première plante transgénique, un tabac, toujours, pouvant résister à un insecte. En 1990, les Américains vendent du tabac transgénique résistant à un virus (lequel ?!?) aux Chinois. Je saute les étapes… En 2005, 492 hectares de maïs transgénique sont cultivés en France. Vous aimez les corn flakes ? Moi, plus trop…

Esprits curieux, allez jeter un œil ici :

http://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/10618/monsanto-cree-tout-premier-ble-ogm

Et là :

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/10/13/97002-20161013FILWWW00154-monsanto-mise-sur-les-nouveaux-ogm.php

Côté êtres organiques, les blouses blanches n’ont pas chômé, non plus. Début 1980, ils développent le premier animal transgénique, une souris, capable de secréter plus d’hormones de croissance que la normale. En d’autres termes, ils viennent de créer la souris-rat. Un an plus tard, vient au monde, la première plante modifiée (je n’entre pas dans la précision sur ces dates, car à un ou deux ans près, personne ne tombe d’accord). En 1999 (là, j’ai une date), à Singapour est créé le célèbre GloFish®, vous savez, ce petit poisson-zèbre auquel on a ajouté un gêne fluorescent provenant des méduses. Il est le premier animal de compagnie transgénique. Nos enfants en raffolent !

Aujourd’hui, en 2017, les scientifiques laissent entrevoir la possibilité de modifier le génome humain.

Les lignes suivantes sont à prendre au conditionnel, car leurs sources ne sont pas officiellement validées (mais à prendre très au sérieux tout de même…) :

Récemment, aux États-Unis, trente bébés nés de femmes ayant des problèmes de fécondité auraient été génétiquement modifiés. Les kids en question seraient porteurs de gènes de trois parents au lieu des deux habituels. On aurait inséré dans les ovules de ces mères, avant la fécondation, les gènes extérieurs d’une femme donneuse afin qu’elles puissent donner (qu’est-ce qu’on donne dans ce billet !) la vie. Ces enfants dotés de l’ADN de trois adultes seraient, en théorie, capable de transmettre à leur descendance ces gènes supplémentaires et changer ainsi la lignée germinale humaine.

La source en question, à vous de juger sa fiabilité :

https://www.terresacree.org/actualites/1643/actualite-science-ou-inconscience-naissance-de-bebes-genetiquement-modifies-aux-etats-unis-124276

Là, il y a débat… La plupart des généticiens condamnent le bricolage du génome humain. Il n’empêche, des illuminés pourraient très bien nous pondre des « super soldats » en mode Captain America, ou des « super tronches » en mode The Leader (vous savez l’ennemi macrocéphale de Hulk qui peut soumettre par la pensée n’importe quel humain à sa volonté) pour assouvir leurs délires les plus barrés. Les Américains rêvent de tels exploits dès le matin, quand ils malbouffent leurs Kellogg’s transgéniques…

« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » a écrit l’avocat gastronome (combinaison étrange, n’est-il pas ?) Jean Anthelme Brillat-Savarin.

Et comme on mange les yeux fermés de la merde modifiée par la science, nos idées commencent à s’emmêler les pinceaux. C’est vrai, quoi ! Pourquoi développer des remèdes contre le cancer, quand on peut bidouiller notre génome de manière à nous immuniser contre les effets mortuaires du petit crabe. Sauf que, on n’en est pas encore là et il y a débat éthique. Mais une éthique valable à une époque ne l’est plus forcément à une autre époque, n’est-ce-pas ? Quand on lit dans la presse la vague funèbre de cancers qui s’abat sur nos contrées industrielles, on se dit qu’on ne va pas tarder à enterrer l’éthique six pieds sous terre.

« Il faut vivre avec son temps », me rabâche sempiternellement chaque semaine, un ami informaticien.

Oui, mon pote, t’as pas tort de voir plus loin que le bout de mon nez Cyrano. Si t’as le budget pour t’offrir une santé à toute épreuve, fonce ! Si t’as le pognon pour concevoir une lignée surhumaine, ne te prive pas ! Après tout, l’argent, ça sert à ça, à consommer toujours plus. Par exemple, si j’étais millionnaire, je m’achèterais une île déserte en Polynésie. Mais avant cela, il faudrait que je modifie mon ADN pour ne pas tomber dans les bras du cancer, legs des 193 essais nucléaires menés par la France en ces lieux paradisiaques entre 1960 et 1996.

En 2011, des chercheurs ont introduit des gènes humains dans 300 vaches laitières pour que celles-ci produisent du lait ayant les mêmes propriétés que le lait maternel. La raison de cette drôle d’expérience ? Proposer aux femmes une alternative plus efficace que les laits artificiels et/ou de croissance, incapables de renforcer comme il faut le système immunitaire des nouveau-nés et, au passage, éviter aux mères la corvée d’allaitement… Bientôt, je me ferai livrer une vache à bières, une tireuse 100% cuir qui me reviendra moins cher que mes tournées salées des comptoirs de Paname. Bientôt, j’offrirai une licorne à mon fils. Comme ça, on amènera des contes de fées 100% authentiques à la maison.

Et dans le futur, si on n’est pas avalés tout crus (une blague végétarienne) par notre terre nourricière, on aura vraiment la gueule de ce que l’on gueuletonne. Les mangeurs de Big Mac auront des naseaux bovins (idéals pour le piercing), des haleines chargées d’acide propionique E280, lactiques E270, de benzoate de sodium E211, et autres additifs hautement cancérigènes que l’on pourra s’échanger à grands coups de langues gloutonnes. Vive le french kiss !

Vous connaissez l’homme-pneumatique ? Non ? C’est l’homme de demain, celui qui peut conduire son bolide à toute blinde sans craindre l’accident… En cas de choc, son corps se gonfle tel un airbag et encaisse l’impact sans danger pour ses précieux organes internes. Imaginez la bobine Michelin des coureurs automobiles…

Dans le futur encore, certains auront des organismes améliorés par la science (du moins c’est qu’on leur fera croire) tandis que d’autres se farciront ceux, ingrats et pas fiables, de leur naissance. L’autre jour, avant même ce devenir en herbe, un vendeur à la sauvette m’a proposé un foie à l’épreuve de la bistouille. J’ai palpé l’engin de démonstration, l’ai humé, me suis imaginé descendre des litres de vodka sans avoir des brûlures d’estomac. Finalement, j’ai préféré décliner l’offre alléchante. Je préfère mon foie arthritique au foie de bœuf synthétique…

Allez, promis, pour le prochain billet, j’allège le menu !

Lunatiquement vôtre,

L’Affreux, sinon rien…


Des mots produits par la plume lunaire d’Arnaud Delporte-Fontaine illustrés par Bertille des Fontaines

Amateurs d’Affreusetés, retrouvez en direct ma plume lunaire sur les pages du Système A.