Ces jours qui disparaissent

Des mots apparaissent…

… à la suite de la lecture de la très surprenante et troublante œuvre graphique, au titre à l’encre sympathique, signée par le jeune prodigue, Timothé Le Boucher…

Le pitch de Ces jours qui disparaissent (mais dont le sujet et le récit restent ancrés dans votre esprit) ? En apparence, très simple. Un jeune homme découvre un moche matin, qu’on lui a piqué la journée d’avant… Comment ça, « piqué » ? Oui, il ne se souvient de rien, et croyez-moi, ça n’a rien à voir avec une soirée arrosée. Du coup, forcément, ses proches lui reprochent son absence, tandis que des étrangers le saluent… En réalité, le jeune homme n’est point amnésique, car, pendant ces journées nimbées d’inquiétante étrangeté, un autre « lui » s’est emparé de son corps et joue sur la scène de la vie à sa place.

Lubin, le héros, a un profil artistique, ouvert sur la vie, il est végétarien et saltimbanque. Son « autre », à l’opposé, a déjà l’esprit bien rangé, pragmatique, sociétal, accro aux technologies du futur, un vrai technocrate, en somme. Bref… Autant dire, que ces deux-là ne sont pas faits pour s’entendre. Et pourtant, ils essaient, au début, mais ça ne dure pas… Après quelques sympathiques « coups de pute »  entre faux frères, et les désordres amoureux qui en découlent, l’une des personnalités finit par prendre le contrôle de la maison terrestre « Lubin », l’autre par tomber dans les oubliettes de la vie… Nul besoin de vous préciser lequel prend le dessus (oh, je crois que je spoile à mort la bédé…)

Comme le dit si bien Plaute, « L’homme est un loup pour l’homme », encore plus quand il s’agit de posséder un même territoire fait de chair et de sang.

Le graphisme japonisant et la mise en scène elliptique sont des choix créatifs qui servent à souhait ce récit schizophrène.

Ces jours qui disparaissent, plus qu’une bande dessinée, est une critique sociale glaçante qui illustre parfaitement la problématique de notre société toujours plus productive et consumériste qui nous demande clairement et sans broncher de tirer la chasse d’eau sur la part créative et intuitive qui vit en nous et d’étouffer notre humanisme pour les jours futurs.

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt…

Ces jours qui disparaissent, scénario et dessin de Timothé Le Boucher, Glénat, septembre 2017, 192 pages, 22,50 euros.

Retrouvez la bande dessinée sur Glénat avant qu’elle ne disparaisse :

http://www.glenatbd.com/bd/ces-jours-qui-disparaissent-9782344013328.htm

Les coulisses de l’auteur à visionner, ici :

http://timotheb.canalblog.com/


Arnaud Delporte-Fontaine